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Economie de guerre au Portugal - por Cristina Semblano -



C’est que, bien que n’étant pas en guerre, le Portugal est, sous l’égide de la troïka, dans sa troisième année d’économie de guerre, malgré les (ou à cause des) résultats
économiques calamiteux des politiques commises depuis trois ans. Car le 
Portugal est ce pays où l’on peut dire, avec la précision d’une expérience menée
en laboratoire, que les milliards d’euros de sacrifices imposés à la population
n’ont eu aucun effet sur la dette dont la progression est vertigineuse ni sur le 
déficit, systématiquement revu à la hausse à chaque évaluation de la troïka.
C’est pourtant muni des résultats de cette expérimentation que Lisbonne vient
de présenter le budget le plus austère de l’histoire de la démocratie depuis 1977.
L’ajustement budgétaire représente 2,3% du PIB et se fait essentiellement par la
ponction directe sur les salaires des fonctionnaires et sur les retraites de la
fonction publique.
Dans ces conditions, seul le gouvernement peut feindre de croire qu’en dépit de la nouvelle réduction drastique du
revenu disponible des ménages à laquelle conduira inévitablement «son» budget, la consommation privée et
l’investissement seront là pour soutenir son hypothèse de croissance de 0,8%. Ceci d’autant plus que la ponction
fiscale violente de 2013 sera maintenue et que 2014 verra de nouvelles réductions dans les dépenses de l’éducation,
de la santé et des transferts sociaux. Reste les exportations, mais celles-ci sont tributaires de la demande extérieure.
Comme dans toute économie de guerre, celle qui a cours au Portugal ne fait pas que des perdants. Alors que les seuls
fonctionnaires et retraités de la fonction publique contribuent pour 82% à l’effort de guerre de 2014, il n’est demandé
aux banques et aux monopoles de l’énergie qu’une contribution exceptionnelle de 4%, et le gouvernement s’est même
donné le luxe de baisser de deux points l’impôt sur les sociétés qu’il vise à ramener à 19%, voire 17%, en 2016, dans le
respect du sacro-saint principe néolibéral de création d’un climat propice à l’investissement. Il y a d’autres gagnants
de la crise, à commencer par les créanciers auxquels il est destiné, en 2014, au titre des intérêts, un «magot»
équivalent au budget de la santé. C’est pour ces créanciers que des sacrifices sont demandés au peuple de l’un des pays
les plus pauvres et les plus inégalitaires de l’UE. C’est pour eux que l’on ferme des écoles, que l’on rationne des 
médicaments, qu’on limite l’accès aux soins de santé d’une partie de la population et que l’on vend aux enchères des
biens publics.
Les politiques d’austérité violentes s’entretiennent d’elles-mêmes : elles génèrent leur propre intensification, censées
remédier aux déficits qu’elles ont contribué à creuser. Chaque euro de déficit «économisé» au Portugal s’est traduit
par une perte de 1,25 euro du PIB et une augmentation de 8,76 euros de la dette ; c’est ainsi que les créanciers sont 
assurés d’avoir toujours une dette à financer.
A l’instar de celles des autres pays qui sont sous l’intervention «effective» de la troïka, pour ne parler que d’eux, la
dette portugaise n’est raisonnablement pas remboursable. Elle n’est pas le résultat de dérives d’un peuple qui aurait 
vécu au-dessus de ses moyens, même si les experts du FMI insistent sur la nécessité de baisser le salaire minimum du
Portugal qui est de 485 euros brut par mois, soit l’un des plus bas de la zone euro et de l’UE.
Pays semi-périphérique, doté d’une économie à faible valeur ajoutée et très dépendante de l’extérieur, le Portugal
«a payé» son adhésion à la zone euro, par une quasi-stagnation de son économie, si bien que la dette publique n’a
connu une trajectoire ascendante que depuis la crise financière et les importants transferts du budget de l’Etat pour
soutenir l’économie et sauver les banques. Ne pouvant se tourner vers la Banque centrale européenne (BCE) pour
assurer son financement, le Portugal est devenu, après la Grèce et l’Irlande, la troisième victime de la spéculation des 
marchés financiers, laquelle a ouvert la voie à l’intervention de la troïka.
Après deux ans et demi et des milliards d’euros de sacrifices imposés à sa population, le Portugal est un pays plus
pauvre, il a renoué avec les taux de natalité de la fin du XIXe siècle et l’émigration de masse de l’ère de la dictature. 
Sa population, l’une des plus vieilles de l’UE, diminue. Sa dette rapportée au PIB a augmenté de près de 25 points et son
déficit n’est pas contenu. Les créanciers représentés par la troïka ont déjà averti du montant des coupes de dépenses
qu’il faut opérer en 2015, alors que le «mémorandum» prend fin en juin 2014.
Que ce soit sous la forme d’un nouveau plan de «sauvetage» ou autre, et dans le cadre actuel des institutions 
européennes, le Portugal restera sous la domination de la troïka et sa population sera soumise à de nouvelles épreuves.
Il est déjà l’autre Grèce et, si un doute subsistait, l’image de ces mères portugaises contraintes d’abandonner leurs 
enfants aux institutions sociales, alors que de nouveaux venus font leur entrée dans le club des millionnaires, serait là
pour le démontrer.
(1) On évalue à 120 000 le nombre de Portugais qui ont émigré en 2012, soit un exode de 10 000 personnes en
moyenne par mois, sur une population de quelque 10,5 millions d’habitants.
Cristina SEMBLANO Economiste, enseigne l’économie portugaise à l’université de Paris–IV Sorbonne
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Obs: Para confirmarmos que as nossas próprias teorias acerca da desgraça
que terraplana a sociedade portuguesa são autênticas é sempre útil contrastar
o pensamento doméstico com os "olhares externos" sobre o nosso país, nem que 
seja para concluir que a hecatombe está em curso e que ela, em larga medida,
é uma consequência directa da má governação e das políticas públicas erradas
seguidas para tentar garantir o equilíbrio das finanças públicas e o
restabelecimento das condições mínimas de desenvolvimento.

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