quinta-feira

Maquiavel - o grande Maquiavel - o homem bom que as circunstâncias ocultaram... Bem haja Nicolau

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  • Optámos por reproduzir aqui esta bela peça de filosofia política, tão íntima da alma humana que descobre quase todos os segredos, pulsões, instintos, desejos da condição de ser Homem. Um "bicho" complicado, humilde e, ao mesmo tempo, o mais arrogante de todos à face da Terra. Mais até do que um leão quase a ganhar um campeonato... Aqueles azulejos nas paredes do Estádio Zé Alvalade é que são de evitar... Muita gente - na 2ª Circular - já morreu só de olhar para eles... E assim, com tanta indemnização a pagar aos familiares vítimas dos defuntos, não há depois budget para comprar novo plantel...
  • Prepara-se, pois, para este testamento, para este Tratado do Homem que valerá a pena ler em francês, também para desenfurrejar o léxico que anda tão perro e esquecido. Voilá, Maquiavel, Nicolau para os amigos. Deliciem-se com tanto saber. Pois lê-lo é, no fundo, olhar para dentro de nós e ver todos os pontos de que não gostamos. É assim, pronto. Mas a Cultura sempre nos pode dar algumas ferramentas para abrir essa nossa caixa de velocidades e mexer nos pistons, rebaixar a cabeça do motor, substituir as camisas, lavar a cambota, soprar o carburador, mudar velas, substituir os segmentos e o mais.
  • No fim, talvez nos possamos olhar a espelho e dizer: Bem haja Nicolau, dá cá um abraço. Tu, lá bem no fundo, eras um tipo às direitas, as circunstâncias que tu observaste é que te fizeram - pelos olhos do mundo - uma má apreciação. Mas nós aqui estamos para te absolver e, já agora, de caminho, absolver também o Sócrates. Esse que morreu sob pretexto de corromper a juventude mas, em rigor, mataram-no por falta de razão, que é como quem diz - de argumentos. O que demonstra que onde está a razão nem sempre está a força; e esta, não raro, traduz sempre uma desrazão. Ora é contra essa loucura (da normalidade) do homem, que teve o expoente no sr. Adolfo no séc. XX - há 60 anos - que aqui o bom do Nicolau se insurgiu. Temos de ler para perceber como. Estamos contigo Nicolau..
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Senhoras e Senhores Madames et Messier - je deviens de Vous presente Le Grand Nicole, mon ami Nicole... Machiavel ou l'usage intelligent du vice Par Michel-Pierre Edmond
(Bem haja A.T. por estatalentosa lembrança)
In magazine littéraire n° 183 Avril 1982
  • L'exercice du pouvoir est impossible sans simulation. Machiavel le chuchote au Prince, dont il se veut à la fois le complice et le séducteur. Il lui apprend à ne pas être bon.
« Si l'on changeait de nature avec les temps et les choses, on ne changerait pas de fortune. (?) On ne trouve pas d'homme si prudent qu'il sache s'accommoder à cela. (Mais) il vaut mieux être impétueux que circonspect, car la fortune est femme? » Machiavel
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  • L'intellectuel, selon toute apparence, est né au siècle des Lumières. Or, les Lumières sont loin d'avoir d'elles-mêmes une représentaiton claire comme en témoigne la publication par Voltaire de l' « Anti-Machiavel » du futur Frédéric II. Voici, selon Voltaire, « une de ces grandes âmes que le ciel forme rarement pour ramener le genre humain à la vertu par leurs préceptes et par leurs exemples ». Le philosophe « croit rendre service aux hommes en le publiant? Le poison de Machiavel est trop public, il fallait que l'antidote le fût aussi ». Les Lumières se veulent « être enfin le juge et non le tyran de l'humanité », comme il est dit à l'article « Critique » de l'Encyclopédie. Elles proclament qu'il faut mettre fin à la dissimulation en matière de pouvoir politique et dénoncent le despotisme, cette forme de pouvoir qui, par des voies secrètes, se fait publiquement obéir. La mise au grand jour de la dissimulation et de la simulation comme techniques de l'exercice du pouvoir doit conduire à leur dissipation.
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  • Révéler le mal c'est déjà le dissoudre. La critique intellectualiste du despotisme est du même coup censure morale. Elle dénonce le caractère immoral de la dissimulation. Mais critique et dénonciation n'ont de sens que sur la base d'une foi dans le progrès intellectuel et moral de l'humanité. Toute critique et toute censure ne peuvent améliorer quoi que ce soit que si on croit à la perfectiblité de l'homme, que si on croit à l'avènement soit d'un coup (Révolution) soit progressivement (Education) d'une forme d'organisation politique qui abolirait simulation et secret, réalisant de la sorte les aspirations morales de l'humanité. L' « Anti-Machiavel » vise à dissiper l'ignorance, faire accéder à la vérité et assurer le bonheur de l'humanité. Que les circonstances qu'hérite ce siècle favorisent le recours à l'éloge de la vertu comme voie la plus appropriée pour la reconquête du pouvoir, voilà ce que Frédéric ne voit pas ou feint de ne pas voir.
  • En lisant « le Prince », Frédéric a sans doute appris qu'un décalage irréductible sépare la conduite effective d'un Prince et la figure selon laquelle il lui faut nécessairement apparaître. Un Prince doit paraître bon, juste, généreux, etc., alors même et quand bien même le voudrait-il du fond de son âme, qu'il lui faut agir cruellement. Machiavel enseigne ouvertement qu'il n'y a pas de pouvoir possible sans dissimulation ou que tout le pouvoir consiste en sa représentation. Telle est la « vérité effective ». Un Prince qui veut conserver le pouvoir et prétendre à l'honneur, la gloire et la renommée doit apprendre à n'être pas vertueux et apprendre l'art de le paraître. S'il se conduisait toujours selon la vertu, il se ruinerait lui-même. Le pouvoir est tel qu'il ne peut s'exercer que sur le mode de la division de l'être et du paraître. Ce qui aurait pu étonner Frédéric c'est que Machiavel dise ouvertement que la simulation et la dissimulation sont la condition nécessaire de l'exercice du pouvoir.
  • Mais en dévoilant la dissimulation, Machiavel ne la ruine-t-il pas ? Nullement. Bien plus, Machiavel préconise un type d'Etat qui, non seulement ne saurait mettre un terme à la dissimulation, mais l'organisera selon un art que Machiavel invente : un art de simuler à bon escient. Si la dissimulation ne court aucun risque à être dévoilée c'est que tout le monde est complice et que tout pouvoir ne tient que grâce à cette complicité : le Prince ne la crée pas ; il l'organise. On ne saurait donc aller vers une forme de pouvoir qui ferait l'économie de l'apparence ou qui s'exercerait selon la vertu. De ce point de vue, Machiavel n'est pas un précurseur des Lumières au sens où il ne croit pas à une transformation significative de la « nature humaine » dans la direction d'une émancipation des nécessités qui forcent les hommes à être les complices conscients, voire intelligents d'un pouvoir qui représente la seule manière possible de composer avec la nécessité. Ce que « découvrira » Frédéric II.
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  • La situation historique de Machiavel présente ceci de singulier qu'elle rend difficile toute évaluation concernant sa relation aux deux grands événements qui vont bouleverser l'Europe : les guerres civiles religieuses et la révolution scientifique. On a écrit qu'avec Machiavel la passion antithéologique atteint son apogée dans le blasphème. Il stigmatise les effets dévastateurs de la « pieuse cruauté » d'un Ferdinand d'Aragon et anticipe le diagnostic que fera Hobbes sur les guerres de religion. Avant même que ne se brise l'unité politique et religieuse de l'Eglise, Machiavel pressent que la guerre civile religieuse est comme l'antithèse historique de l'Etat. Mais s'exprimer en termes d'anticipation suppose qu'on se réfère à une trop belle continuité qui seule justifie des estimations restrospectives.
  • On peut seulement dire que Machiavel ne se situe pas à l'intérieur du système de référence théologique qui a fonctionné au Moyen Age et à la Renaissance ; système qui a fondé à l'intérieur de lui-même le principe de la séparation du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. Tous les débats, les empiètements, les compromis, les divisions qui ont uni et séparé clercs et laics furent tous des effets de cette structure théologale. Celle-ci a aménagé à l'intérieur d'elle-même tous les cas de figures possibles d'affrontement et de compromis. Chaque partie ou chaque camp n'a pu se délimiter que par référence à cet ordre théologal. Un Marsile de Padoue en 1324 ne dénonce pas les empiètements de l'Eglise sur l'Etat, ne recherche les bases naturelles de l'Etat qu'à l'intérieur de ce système de référence. Or, c'est précisément un tel système que Machiavel récuse en sa totalité. C'est la raison pour laquelle il ne se dresse pas en sot contre la papauté. Il n'est pas du côté des laïcs contre les clercs. Il est au-delà. Il considère le principe même de la dualité des pouvoirs comme un facteur de division générateur de guerres civiles. A l'intérieur d'un système fonctionnant sur le mode de la séparation des pouvoirs, chacun joue un pouvoir contre l'autre et dans ce jeu chacun croit faire l'expérience de sa liberté individuelle. Chacun se croit dès lors prophète en son pays au nom de l'idéal de la République chrétienne. Tel est le fond du problème pour Machiavel : cette république a mis la barre trop haut ; elle n'a donc pu que faire monter les enchères ; ce qui a conduit à une cruauté inhumaine que n'exige pas la seule conservation de la société (cf. la critique de l'Inquisiton comme effet d'une logique de la Charité). Le but du nouveau Prince sera de faire baisser les enchères : mantenere lo stato. Ni plus ni moins. La gloire terrestre suffit.
  • L'exclusion du théologique ne s'opère pas sur la base de la révolution scientifique. A la mort de Machiavel (1527), Galilée n'est pas encore né (1564). Il y a là matière à réflexion. On a pris l'habitude de se représenter rétrospectivement la rupture avec la grande Tradition (Antiquité et Moyen Age) par rapport à la naissance de la science galiléenne de la nature. Science qui, en fondant le mécanisme, ruine toute cosmologie à caractère téléologique. On peut affirmer que la distinction typiquement moderne entre la philosophie et la science est la conséquence de la révolution scientifique du XVIIe siècle, révolution qui a rendu possible la victoire de la nouvelle philosophie sur celle d'Aristote. La possibilité d'une science de la politique, d'une approche « naturaliste » des choses politiques a sans doute trouvé son principe dans celui de la nouvelle physique comme en témoignent les ?uvres de Hobbes et de Spinoza. Pourtant Machiavel peut d'autant moins parler au nom du discours de la science de la nature que celle-ci n'existe pas encore. On peut toujours dire qu'il anticipe. Toujours au nom de la continuité historique. La question de savoir si la science politique moderne doit ou non être comprise à la lumière de la science de la nature est d'importance. Hobbes laisse entendre qu'il doit le plus clair de sa découverte à Machiavel. Par conséquent, ce que Hobbes présente en fait de science politique comme présupposant la nouvelle science de la nature a été découvert par Machiavel sans l'aide de cette dernière. L'entreprise de Machiavel tient donc toute seule sur ses pieds. Ni clerc, ni laic, ni savant. D'un autre côté, tout ernseignement philosophique en matière de politique s'est toujours accompagné d'un système du monde, matérialiste ou non. Une cosmologie représente toujours la base théorique d'une phillosophie politique dans la mesure où la référence à la nature ou au monde permet de repérer le lieu propre du domaine politique. Nous constatons que Machiavel rejette la cosmologie, l'entreprise de Machiavel se laisse difficilement repérer.
  • Mais cette difficulté rejaillit sur le sens de l'entreprise des philosophes politiques du XVIIe siècle : Hobbes affirme que sa théorie de l'Etat ne peut être comprise sans une connaissance de sa conception de la nature qui, elle-même, a pour fondement l'idée mécaniste du monde. Mais la lecture de ses ?uvres montre qu'il ne respecte pas toujours cette affirmation, laisssant entendre par là que sa théorie politique n'est pas suspendue à un garant scientifique. Sur le rapport entre la nouvelle science de la nature et la nouvelle science politique ce n'est pas Hobbes qui nous éclaire, c'est Machiavel. A partir de sa seule expérience des choses politiques, Machiavel montre d'une part que les hommes ont jusqu'à présent été victimes d'illusions sur la « vérité effective des choses », d'autre part qu'ils ne pourront s'en libérer que si on les fait sortir de l'ignorance des intérêts qui sont en jeu dans la formation de ces illusions. Ce que révèle Machiavel, c'est que ces intérêts touchent exclusivement à la question du pouvoir et que la totalité de son entreprise n'existe que pour le pouvoir. Celui-ci est le « nouveau continent » qu'il affirme avoir découvert. Tel est donc le nouveau thème théorique qui donne le coup d'envoi et dont la découverte ne doit rien à la nouvelle science de la nature.
  • C'est demeurer fidèle à l'esprit de Machiavel que de rappeler avec quelle vigueur il fonde son entreprise sur la base de ce qu'il rejette, la philosophie politique classique. Ce rejet se lit dans le choix de son point de départ : ce que les hommes font. De ce qu'ils font, Machiavel parle sans fard et sans poudre aux yeux. Pourtant, sur les conditions et les situations concrètes par rapport auxquelles s'exerce le pouvoir, Machiavel n'a rien à apprendre aux penseurs grecs (Thucydide inclus). Ces derniers ne se font aucune illusion sur l'âpreté et la cruauté des comportements politiques. Ce qui est nouveau, ce n'est pas la découverte d'une réalité brutale, c'est l'intention ou le but par rapport auxquels il choisit délibérément d'en parler. De même, une mise au point s'impose sur la trop fameuse question de la moralité. Machiavel n'est pas un « a-moraliste » ; il ne met pas en doute l'existence en chaque homme de la conscience, disons que tout n'est pas permis. Mais il ajoute aussitôt que pour ce qui est de l'exiercie du pouvoir la conscience ne pèse pas lourd, qu'elle est sans force. L'impuissance à agir représente un mal plus terrible que les remords de la conscience. Une fois le pouvoir acquis, comment le conserver ? Machiavel prodigue ses conseils tout aussi bien aux tyrans qu'aux républicains. Mais là encore l'équivoque doit être levée par rapport à la philosophie antique, puisque nous voyons Artistote prodiguer des conseils aux régimes tyranniques et leur enseigner l'art de conserver le pouvoir. Comme si, sur le strict plan des conditions de l'exercice du pouvoir, une certaine communauté de vue rapprochait Machiavel et les penseurs grecs. Aussi, est-ce par là qu'il faut commencer.
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  • Partir de ce que les hommes font, c'est partir du domaine où peuvent se rencontrer la Fortune et la virtù des hommes. La possibilité d'agir désigne ces points de rencontre plus ou moins réguliers mais non de concordance entre Fortune et virtù. A l'intérieur de ce domaine il est possible de découvrir des principes d'action, c'est-à-dire de découvrir à quelles conditions l'exercice du pouvoir s'effectue de la façon la moins aléatoire qui soit. Destituée par le christianisme, soit comme simple auxiliaire de la Providence, soit comme force purement aveugle qui serait là pour nous dégoûter du monde, la Fortune est revalorisée par Machiavel qui du même coup renoue avec Aristote. Une nouvelle Arche d'Alliance peut être instaurée entre la Fortune et la virtù des hommes. Ce que montrait Aristote c'est que le domaine de l'action humaine dispose de ses propres principes au sens où les hommes qui agissent découvrent par eux-mêmes, fut-ce confusément, qu'il existe un art politique ou prudence. Or, le domaine de la prudence comme guide de l'action est celui de la chance, c'est-à-dire de ce qui arrive de façon imprévisible. Sur le strict plan de l'exercice du pouvoir, l'homme d'action peut par lui-même repérer les principes de son activité, au sens où il n'a pas à se référer à un enseignement théorique sur la nature du pouvoir pour être en mesure de l'exercer. Pour Aristote, la pratique politique est toujours empirique au sens où elle s'effectue selon un art qui se découvre lui-même en s'exerçant. Sur ce point précis, Machiavel renoue avec Aristote en réaffirmant que la politique a un domaine propre avec ses caractéristiques propres et que l'homme d'action peut découvrir les principes qui commandent la pratique de fait des hommes.
  • La différence dcisive vient se situer dans leur conception respective du rapport entre la théorie et la pratique. Dans cette différence réside le point de départ de la Modernité. Il faudrait dire plutôt que pour les penseurs grecs le problème du rapport entre théorie et pratique ne se pose pas vraiment, à l'inverse de ce qui va advenir à partir de Machiavel et qui va devenir le problème par excellence, enjeu de débats fiévreux, générateurs de conséquences pratiques rendues inévitables. L'homme moderne pense agir d'autant plus efficacement qu'il soumet les règles de la pratique aux principes de la théorie. Il pense trouver dans cette dépendance la justification d'un nouveau type de pratique. Machiavel est, selon nous, le premier penseur à soumettre la pratique politique à un enseignement (le sien en l'occurrence) qui a cette pratique pour bobjet exclusif.
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  • Pour Aristote, l'exercice du pouvoir (et ses conditions) ne représente pas l'objet de la théorie politique. Cet objet, c'est la nature du pouvoir. La théorie recherche ce qu'est une communauté à caractère politique ; elle recherche ses limites et par conséquent la définit dans sa relativité par rapport à ce qu'elle n'est pas. Ce qui est politique ou humain se définit relativement à une limite supérieure (le divin) et une limite inférieure (la brute) ; deux domaines non humains. En-deçà et au-delà de ces limites l'être humain pressent qu'il risque de perdre son humanité. La théorie montre que le domaine de la pratique s'inscrit dans un ordre à l'intérieur duquel il est à la fois autonome et non autarcique. Consistance et relativité. Ayant donc pour objet les conditions de la nature du politique et non celles de son exercice, la théorie est purement contemplative. Ici fonctionne une distinction entre ceux qui savent et ceux qui agissent. Le sujet du savoir est du même coup le sujet théorique du pouvoir. Il ne saurait donc se substituer à l'homme politique, substituer son savoir à la prudence et la transformer en un art politique idéal. La chance est d'ailleurs là pour rappeler qu'une telle transformation est irréalisable. Le savoir est impuissant sur le strict plan de l'exercice du pouvoir. Le principe de la séparation entre ceux qui savent et ceux qui agisent n'est intolérable qu'à partir du moment où le savoir se transformerait en modèles d'application que les seconds, séduits ou endoctrinés, seraient tenus de mettre en ?uvre. Le seul cas légitime d'intervention de la théorie dans le domaine de la prudence est d'ordre apologétique : combattre de fausses doctrines qui portent sur la nature de l'homme, de la cité, du monde et mettent en danger la prudence elle-même en l'aveuglant. L'apparition du nazisme et du stalinisme représentait un cas typique d'intervention de la théorie politique dans une situation où l'homme politique est en tant que tel mis en danger. La philosophie se fait alors enseignement ; elle emprunte les voies de la rhétorique pour convaincre l'homme politique ; mais cette fonction de clairvoyance ne saurait se substituer à la prudence et imposer aux hommes d'action un modèle de pratique.
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  • Chapitre XVIII du « Prince ». Là, Machiavel reprend la célèbre définition d'Aristote en la décapitant : l'être humain n'est plus délimité par une limite supérieure et par une limite inférieure, entre la brute et le dieu. « Il est nécessaire au Prince savoir bien pratiquer la bête et l'homme. Cette règle fut enseignée aux princes en paroles voilées par les anciens auteurs. Achille? fut donné à élever au centaure Chiron pour l'instruire sous sa discipline. Ce qui ne signifie autre chose, d'avoir ainsi pour gouverneur un demi-bête et demi-homme. » Tout le programme de Machiavel est là. Il décapite le politque de sa limite supérieure et montre que le pouvoir ne se rapporte qu'à l'inférieur, la nécessité, le sous-humain, l'infra-rationnel, l'infra-politique. Privé de limites, le politique s'éloigne indéfiniment de lui-même ; il perd son caractère de « nature ». Ce qui était l'objet propre de la théorie disparaît. La tâche nouvelle est le comment s'y prendre avec l'inhumain pour conquérir une humanité. On a coutume de dire que Machiavel rend la politique ou le pouvoir autonomes. Mais attention ! Du pouvoir, on n'a rien à dire ; on ne peut savoir ce qu'il est ; le pouvoir n'a pas à se savoir (il n'y a pas de sujet du pouvoir) mais à s'exercer. Guerres, paix, prospérités, famines, guerres civiles sont des effets de pouvoir. Les princes sont les agents d'un pouvoir qui ne sait pas mais s'apparaît dans ses effets. Quant aux causes, on n'en peut rien dire.
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  • Tel Chiron, Machiavel a quelque chose à dire sur l'exercice du pouvoir. Il pense que son enseignement en la matière peut être entendu des Princes et qu'il peut exercer une action directe sur les conduites de fait. Il va enseigner qu'elle est la meilleure pratique politique possible, celle qui sait tenir compte de la fortune ou de la nécessité. Les formes d'Etat dans le passé n'ont été que des formes approximatives. C'est à Machiavel « d'instruire » le nouveau Prince, ces « deux jeunes gens » auxquels il adresse ses Discours sur Tite-Live. Il enseigne au nouveau Prince que la chance peut être maîtrisée si on sait la prendre. De la même manière il suppose que son enseignement a toute chance d'être entendu, compris et appliqué, s'il sait lui-même s'y prendre avec le Prince. Il joue donc un pouvoir dont il ne dispose pas, il joue au Prince qu'il n'est pas. Il simule (au sens où l'on parle de simulation de combat) l'efficacité d'un enseignement qui apprend au Prince l'art de simuler. Son propre désir n'est pas un désir de pouvoir, mais un désir de gloire, c'est-à-dire d'un désir lié au v?u d'une rencontre effective entre un enseignement et une pratique politique.
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  • Dans le « Hiéron » (ou de la Tyrannie) de Xénophon, il est dit que le tyran ne peut écouter le sage que s'il le craint ; crainte fondée sur l'ignorance où il est concernant les intentions du sage et la nature de la sagesse ; sa crainte est vague mais significative dans la mesure où il suppose le sage détenteur d'un pouvoir possible plus redoutable que le sien. Ce serait donc sur la base d'une manipulation des passions du tyran que le sage pourrait espérer « convertir » le tyran. On sait que Platon et Aristote, contredisant peut-être leur enseignement théorique, ont tenté une telle expérience. Celle-ci leur a permis d'une part d'acquérir « sur le tas » une prudence politique, celle-là même qui est l'apanage de ceux qui exercent le pouvoir ; c'est là encore un point de rapprochement avec Machiavel qui n'a jamais abstraitement du pouvoir ; d'autre part, l'échec de leur tentative, et plus particulièrement celle de Platon, aboutit à la très fameuse thèse du philosophe-roi, hypothèse qui se contredit elle-même, puisque le philosophe, qui par pure chance deviendrait roi, doit ipso facto abandonner toute occupation philosophique. Ce qui consacre la rupture ou du moins la séparation des deux domaines : ou Philosophe ou Prince. Machiavel quant à lui fonde l'efficacité de son enseignement non sur la crainte qu'il peut inspirer au Prince, mais sur la complicité et sur la séduction. Complicité, dans la mesure où cet enseignement apprend au Prince « à n'être pas bon », à ne pas craindre de jouer avec les apparences ; cela conforte le Prince qui sait déjà de quoi il en retourne. Mais ce qu'il apprend de Machiavel c'est l'intelligence. On peut dire que Machiavel libère le Prince de tout idéal inacessible, libération qui devrait, en faisant encore une fois baisser les enchères, amener le Prince à un usage modéré de la cruauté.
  • Il est difficile d'affirmer ue Machiavel est un intellectuel. Il peut être dit tel si on définit l'intellectuel comme quelqu'un qui parle d'un pouvoir qu'il ne peut pas exercer. Il en est exclu à moins qu'il n'y adhère ; mais il perd alors sa qualité d'intellectuel. Il ne peut être dit intellectuel pour deux raisons : 1 -
  • Machiavel, comme conseiller d'un Prince, a appris de facto ce qu'il en est de l'exercice du pouvoir. Ce qui n'est pas le cas des intellectuels qui ne savent pas empiriquement de quoi ils parlent. 2 -
  • Machiavel est tout sauf un « idéaliste » ; il cherche à rendre plus clairvoyantes des pratiques politiques qui s'exercent déjà comme telles ; il ne cherche donc pas à transformer de fond en comble la pratique politique ; il ne croit pas en une pratique « révolutionnaire », croyance qui suppose qu'on a une nouvelle fois remis très haut la barre. Il se contente d'enseigner un usage intelligent du vice pour tempérer les ardeurs meurtrières d'un certain usage de la vertu.
In magazine littéraire n° 183 -
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