Mondialisation : les multinationales adorent les paradis fiscaux
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Sobre os Paraísos fiscais e o G20, ver aqui.
par Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint d'Alternatives Economiques.
G20 de Londres : des idées pour lutter contre les paradis fiscaux Le prochain sommet du G20 de Londres sur la finance internationale pourrait s'avérer historique. Les propositions qui circulent en Europe et aux Etats-Unis annoncent une attaque sans précédent contre les paradis fiscaux.
Nous sommes peut-être à un tournant historique de la lutte contre les paradis fiscaux. Américains et Européens semblent prêts à aller assez loin dans cette voie. Les opinions divergent quant aux mesures précises à prendre, mais la volonté politique semble là. Un compromis devra être trouvé au sommet du G20 de la mi-mars ou à celui des chefs d'Etat le 2 avril.
Les parlementaires américains ont tiré les premiers avec une proposition de loi présentée le 2 mars par deux parlementaires démocrates : Lloyd Doggett à la Chambre des représentants et Carl Lévin au Sénat. Cette proposition s'appuie sur un premier projet présenté en 2007 par Levin et deux autres sénateurs (Norm Coleman et un certain Barack Obama). Elle touche à tous les aspects des comportements fiscaux douteux :
- Les contribuables ayant un compte dans un paradis fiscal verront ainsi la charge de la preuve inversée : d'après le projet, ce serait désormais à eux de faire la preuve de leur bonne conduite.
- Plusieurs propositions visent à s'attaquer aux pratiques de prix de transferts des multinationales, donnant à l'administration fiscale des pouvoirs d'enquête et de sanction renforcés.
- Les pays qui font la promotion de l'évasion et de la fraude fiscale seront inscrits sur une « liste noire » (34 pays sont mentionnés dans la proposition).
- Les intermédiaires privés (avocats, cabinets d'audits, banquiers) qui participent à ce genre de comportement seraient plus sévèrement encadrés et sanctionnés.
Ce projet livre donc une charge sur trois fronts : contre les fraudeurs, contre les paradis fiscaux et contre les spécialistes du droit et du chiffre. Il pourrait s'avérer très efficace dans la lutte contre l'évasion fiscale et l'industrie du conseil qui s'est développée autour d'elle. Interrogé à ce sujet par les sénateurs, le nouveau ministre des Finances américain, Tim Geithner, a affirmé très clairement que le gouvernement soutient ce plan, ce qui augure des actions concrètes à venir.
Le 3 mars, la France et l'Allemagne ont présenté leurs propres propositions, focalisées sur le rôle des banques :
Les deux pays souhaitent obliger les banques à indiquer clairement dans leurs comptes la nature et les volumes des transactions réalisées avec les juridictions considérées comme des paradis fiscaux. Ce qui peut être considéré comme le début d'un reporting pays par pays – réclamé par les ONG un tel reporting permettrait de mettre en évidence les comportements anormaux.
Français et Allemands réclament aussi que les banques fortement présentes dans les paradis fiscaux se voient imposées des contraintes en capital plus élevées que les autres, pour compenser le risque supplémentaire d'instabilité financière qu'elles font courir à l'ensemble du système financier.
Les deux pays sont également favorables à l'établissement d'une liste noire internationale des paradis fiscaux.
On attend toujours les propositions britanniques, mais le 4 mars, lors de son voyage aux Etats-Unis, le Premier ministre Gordon Brown a abordé le sujet devant le Congrès : « Vous êtes en train de restructurer vos banques. Nous aussi. Mais l'épargne de tous ne serait-elle pas beaucoup plus sûre si le monde entier se mettait d'accord pour interdire les systèmes bancaires parallèles et interdire les paradis fiscaux ?·» De façon significative, les mots « interdire les paradis fiscaux » ont été accueillis par une salve nourrie d'applaudissements.
Ces discours et ces propositions vont-ils déboucher sur quelque de concret au G20 ? D'après nos confrères britanniques du Guardian, cela pourrait effectivement être le cas. Les experts chargés de préparer le sommet seraient en train de préparer une liste noire de paradis fiscaux ; les paiements effectués par les entreprises à destination ou en provenance des pays figurant sur cette liste ne seraient pas déductibles fiscalement, ce qui changerait de façon radicale les comportements des multinationales.
Une autre idée qui semble faire son chemin parmi les experts impliqués dans les préparations du G20 est de demander aux banques de se retirer entièrement des territoires considérés comme paradis fiscaux.
Toutes ces propositions organisent une attaque sans précédent dans l'histoire des paradis fiscaux. Les semaines qui viennent seront cruciales pour décider de leur avenir.
Christian Chavagneux 05 Mars 2009
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